DICTIONNAIRE DES PERSONNALITÉS DU CALAISIS, lettre G


 


GARNERAY  Louis

(Paris, 1783 – 1857, Paris)

S’il conserve surtout une réputation de peintre, un talent hérité de son père, il a connu une vie d’aventurier : négrier dans l’Océan Indien, il est aussi corsaire (avec Surcouf). Pris par les Anglais en 1806, il passe huit ans sur les pontons de Plymouth, où il se fait connaître d’un marchand de tableaux. En 1817, il devient peintre attitré du duc d’Angoulême (Grand amiral de France). Dans les années 1820, il réalise, dans la lignée d’Horace Vernet, une centaine de vues des ports français et étrangers, ce qui lui vaut de séjourner plusieurs fois à Calais. Il sera directeur du Musée de Rouen, et proche de Napoléon III. Garneray est également un écrivain, et en particulier un précurseur dans le domaine du roman d’aventures maritimes. Il entretient pendant trente ans une relation amicale avec Louis Francia. Une rue donnant sur l’avenue Blériot porte son nom.

fiche par Ph. CASSEZ,
 collection G. PELTIER.

GATTESDEN   John

()

Il est nommé Marshall de Calais lors de la prise de la ville par Édouard III en 1347.

fiche par Ph. CASSEZ.

GAULLE,   Charles de

(Lille, 1880 – 1970, Colombey-les-Deux-Églises)

L’illustre chef d’État est venu plusieurs fois à Calais, où il s’est marié avec Yvonne Vendroux en 1921.

fiche par Ph. CASSEZ,
 collection G. PELTIER.

GAVET    Louis

(vers 1764 – 1791, en mer)

S’étant jeté dans une barque avec trois autres marins pour secourir l’équipage d’un bateau pêcheur de Dieppe, le 18 octobre 1791, il périt noyé devant les jetées, ainsi que Maréchal. L’Assemblée Nationale leur rend hommage pour cette conduite, et un monument est élevé à leur mémoire (aujourd’hui remplacé par le Monument aux Sauveteurs). Un immeuble dominant le port porte son nom.

fiche d'après F. LENNEL.

GENSSE  

(Guînes, 1655 – 1719)

Échevin, puis Maire de Calais sous Louis XIV, en 1690 et 1700, il installe à ses frais la première école gratuite de garçons (confiée aux frères de la doctrine chrétienne) et, peu après, la première école pour filles, gratuite également (confiée aux sœurs de la Providence), qui ne connaissent pas le succès. Bienfaiteur, il est enterré dans Notre-Dame. Une rue à son nom longe le boulevard Gambetta.

fiche d'après F. LENNEL.

GÉRARD,   Comte de Gueldre

( – 1181<)

Gérard, comte de Gueldre épouse la comtesse Ide de Boulogne. Il ne reste que très peu de temps en poste puisqu‘il décède avant la fin de l’année. Ces quelques mois suffisent pour qu’il confirme aux bourgeois calaisiens les concessions faites par son prédécesseur. Cette charte est le document officiel le plus ancien qui nous soit parvenu dans lequel figure le nom de « Kaleeis ».

fiche par Ph. CASSEZ.

GERSCHEL    André

(1880 – 1944, en déportation)

Revenu de la guerre 14-18 avec la Légion d’Honneur, il tient un commerce de vêtements boulevard Jacquard. Il est conseiller municipal (sur la liste S.F.I.O.) en 1935, conseiller général l’année suivante puis maire adjoint de Lucien Vadez. Quand celui-ci est mobilisé, il fait fonction de maire de Calais, du 3 septembre 1939 au 7 juillet 1940. Sommé par l’ennemi de remettre une liste de vingt-cinq notables qui serviront d’otages, il inscrit son nom en premier. Chassé de la mairie en raison de ses ascendances juives, il est interné trois mois à Lille, puis revient ouvrir son magasin avec une étoile jaune. Il part clandestinement en zone libre où il est finalement arrêté, à Nice, en janvier 1944 avec sa fille et sa petite fille. Aucun des trois ne reviendra d’Auschwitz. La rue André Gerschel relie la place d’Armes à l’esplanade ; c’est l’ancienne rue de la Citadelle.

fiche d'après R. CHAUSSOIS,
 collection R. RUET.

GIROUST    Charles André

(Saint-Pierre-les-Calais, 1750 – 1830, Calais)

Il est pendant un demi-siècle l’infatigable médecin des pauvres. Exerçant à l’hospice civil, chirurgien du corps des sapeurs-pompiers depuis leur organisation (1807), il secourt les indigents sans se faire payer, préférant le service de la collectivité à sa réussite matérielle personnelle. Demeurant rue Royale, il est affaibli par un cancer pendant ses dernières années, et le conseil municipal unanime lui octroie une pension de deux cents francs, en regrettant que la loi ne lui permette pas d’offrir plus (1823). Le « brave homme » qu’est monsieur Giroud décède à l’âge de soixante dix-neuf ans, laissant derrière lui des regrets unanimes.

fiche par Ph. CASSEZ.

GLOUCESTER    Humphrey de Lancastre, duc de

(1391 – 1447, Bury-Saint-Edmunds)

Fils de roi (Henri IV), frère de roi (Henri V) et oncle de roi (Henri VI), il ne fut jamais roi lui-même. Contrairement à ses frères, initiés dès leur jeune âge aux campagnes militaires, Humphrey acquiert une excellente culture générale. Il sera par la suite un protecteur des arts, des poètes et des écrivains ; il entretiendra une correspondance avec des intellectuels italiens de la première Renaissance et financera la bibliothèque d’Oxford. Blessé à Azincourt (1415), il fournit un soutien inconditionnel à Henry V. Après la mort de celui-ci (1422), il devient Lord Protector et gouverne l’Angleterre pendant la minorité de Henry VI. En 1424, il débarque à Calais pour mener une expédition sur le Hainaut, qui échoue. À la mort du régent Bedford, il devient capitaine de Calais, et c’est lui qui repousse l’attaque du duc de Bourgogne l’année suivante (1436). Partisan de la poursuite de la guerre de Cent Ans, qui tire sur sa fin, il est finalement destitué et meurt en prison.

fiche par Ph. CASSEZ, d'après F. LENNEL,
 collection G. PELTIER.

GOEDORP    Hippolyte

(?? – 1849, Oran)

Médecin chef de l’hôpital militaire de Calais et président de la Société d’Agriculture, il en démissionne lors de sa nomination à la tête de l’armée d’Afrique (1847). Après son départ, il est ruiné par les évènements de 1848, puis perd son épouse. Il décède lors d’une épidémie de choléra en Algérie, où il était également médecin en chef de l’hôpital militaire. Un service funèbre à sa mémoire, célébré à Notre-Dame, y attire la grande foule et toutes les loges de bienfaisance de Calais et de Saint-Pierre y sont représentées.

fiche par Ph. CASSEZ.

GOETHALS    Félix

(Rinxent, c 1891 – 1973, Capinghem)

Arrivé à Calais au berceau, il participe à huit Tours de France et remporte une dizaine d’étapes entre 1910 et 1924, dont deux Dunkerque-Paris avec arrivée au Parc des Princes. À Calais, il habite boulevard de l’Égalité. Il s’installe ensuite comme marchand de cycles à Lille.

fiche par Ph. CASSEZ.

GOSSEIN    Paul Auguste

(Calais, 1850 – 1897 <)

Sorti maréchal des logis de l’École de cavalerie de Saumur, il participe aux combats de 1870 en Alsace. L’année suivante, il réprime l’insurrection de Marseille. Intégré au 1er régiment de spahis puis au 1er chasseur d’Afrique (1874), il participe à plusieurs expéditions en Algérie. Décoré de la Légion d’honneur en 1873, il devient capitaine en 1887.

fiche d'après le Dictionnaire du Pas-de-Calais.

GOURDAN Giraud de Mauléon,    seigneur de

(1509 – 1593, Calais)

Il perd une jambe lors de l’attaque du fort Nieulay, qui décide de la chute de Calais en 1558. Après la reprise de la ville, nommé par le roi, il en reste longtemps gouverneur (1559-1593). C’est sous son mandat que sont redistribuées les terres et maisons récupérées sur les Anglais, et commencé la construction de la citadelle, ce qui entraîne la destruction de la partie ouest de la ville, dont l’église Saint-Nicolas et le château. En 1563, il fait pendre quarante huguenots aux fenêtres de l’hôtel de ville. Il est inhumé dans l’église Notre-Dame, devant laquelle passe aujourd’hui la rue qui porte son nom.

fiche par Ph. CASSEZ, d'après F. LENNEL,
 collection G. PELTIER.

GOUVERNEUR    Fernand

((Calais, 1923 – 1944, Calais)<)

F.T.P., il est accusé d’avoir saboté l’usine Brampton, alors qu’il n’y est pour rien. Ses parents sont arrêtés également. Avec quatre compagnons, il est fusillé à la citadelle quelques jours avant la libération de la ville. Une ruelle évoque son souvenir dans le quartier du fort Nieulay.

fiche d'après R. CHAUSSOIS,
 collection G. PELTIER.

GOYER    Grégoire

(1745 – 1815, Calais)

Cet ancien Capucin défroqué est nommé à la tête du service de bibliographie en 1794. Il installe provisoirement les ouvrages près de Notre-Dame, dans l’ancienne maison des Frères des écoles chrétiennes, avant leur déménagement en 1805 à l’Hôtel de ville, Place d’Armes, où ils resteront jusqu’en 1886. Les dernières années du premier bibliothécaire municipal de Calais le voient miné par le remords d’avoir renoncé aux fonctions sacerdotales. Après Waterloo, septuagénaire, sourd et infirme, il supplie le nouveau maire (Antoine Bénard) de le laisser mourir dans la bibliothèque. Il s’éteint effectivement quelques semaines plus tard.

fiche par Ph. CASSEZ.

GRANDSIRE    (famille)


Originaires de Boulogne, les Grandsire font carrière aux XVII-XVIIIèmes siècles dans l’hôtellerie et les transports (maîtres des postes) sur la ligne Calais-Boulogne. À Calais, ils exploitent l’hôtel du Lyon d’Argent (rue de la Prison, plus tard rue Neuve).

fiche par Ph. CASSEZ.

GRANDSIRE Jean-Baptiste Pierre

(Calais, 1773 – 1839, Calais)

Sa carrière prend de l’envergure en 1809, quand il est nommé payeur à l’armée d’Espagne (maréchal Mortier). Puis il passe à l’armée du Nord, où ses talents reconnus d’administrateur et sa réputation de probité lui valent de devenir payeur principal. Il sert sous le prince d’Eckmühl (Davout) pendant les campagnes de 1811 à 1814. Surpris à Hambourg lors de la chute de Napoléon, il réussit à rapporter en France les fonds qui lui avaient confiés, et revient dans sa ville natale où, pendant les Cent-Jours, il est chef de bataillon de la garde nationale. Il se lance ensuite dans le commerce. En 1823, le ministre le rappelle cependant comme payeur principal du 1er corps d’armée, sous le maréchal duc de Reggio (Oudinot), lors de la campagne d’Espagne, et c’est à Madrid qu’il reçoit la croix de la Légion d’Honneur. Il effectue ensuite son retour définitif à Calais, où il occupe des fonctions en vue : juge au tribunal de commerce, vice-consul du Brésil, membre de la Chambre de Commerce, administrateur de l’hospice. Membre du Conseil municipal, il est nommé premier adjoint en octobre 1830. Grandsire aîné démissionne de ces fonctions municipales trois ans plus tard, pour raisons de santé, puis se retire des affaires et passe modestement le reste de ses ans. Il décède à soixante-six ans. Homme de bien, « on peut dire sans crainte d’être démenti qu’il emporte dans la tombe l’estime, la considération et les regrets de tous ses concitoyens » (L’Industriel calaisien). Frère de Richard Grandsire.

fiche par Ph. CASSEZ.

GRANDSIRE    Richard

(Calais, 1776 – 1827, Guyane)

Frère cadet du précédent. Au début de la Restauration, il est déjà quadragénaire quand sa vie bascule. En 1817, il embarque pour Buenos Aires où il conçoit un vaste et aventureux projet : étudier le réseau hydrographique existant entre l’Amazone et le Rio de la Plata, et établir une liaison par les fleuves entre la Guyane française et la République Argentine. Après deux ans d’absence, il rentre en France. Il se rend à Paris pour présenter à l’Académie des Sciences son projet, et repart en Amérique avec une lettre d’introduction signée du grand Cuvier. À son arrivée, il est prié de quitter le pays sous huit jours par suite de dissensions avec la France (qui a expulsé des commerçants argentins). Il retourne au Brésil, d’où il tente de pénétrer au Paraguay, puis révise ses plans : il remontera l’Amazone et en explorera les affluents encore partiellement inconnus. À l’automne 1826, il débarque en Guyane, dont le gouverneur lui fournit une escorte jusqu’aux limites de la colonie. Avant son départ, il écrit à son frère : ce sera son dernier message connu. Cette destinée ne serait que celle d’un amateur d’aventures doublé d’un esprit curieux si quelques détails ne laissaient supposer que les recherches de Grandsire ne constituent qu’une partie de ses activités et le dictateur paraguayen Francia déclare en 1825 « qu’il avait entendu parler de Grandsire et qu’il savait fort bien qu’il s’occupait de politique beaucoup plus que d’histoire naturelle ». À la fin de l’année 1827, l’agent consulaire de France au Para reçoit des objets appartenant à un Français décédé sur les rives de la rivière Jary, affluent de l’Amazone. Explorateur et agent secret, tel aura été Richard Grandsire en Amérique du Sud.

fiche par Ph. CASSEZ.

GRIGNY    François

(?? ,1749 – 1802, Saint-Pierre)

Maire de Saint-Pierre au début de la Révolution, du 12 décembre 1790 au 17 mai 1791 (démission) puis sous le Consulat, d’août 1800 au 19 février 1802 (décès).

fiche par Ph. CASSEZ.

GRIGNY   Pierre Charles Henry    François

(1787 – 1835)

Maire de Saint-Pierre pendant la Restauration, du 11 avril 1825 à la mi-novembre 1830 (démission).

fiche par Ph. CASSEZ.

GRITTI    François

(1870> – 1925<)

Originaire du Piémont (Varèse), il arrive à Calais en 1885 et y revient définitivement après cinq années passées en Argentine. Il participe à la construction de la jetée Est et s’établit comme entrepreneur en 1898. Sa spécialité : les immeubles en béton armé et les façades en ciment-pierre. Jusqu’en 1925, il construit à Calais plus de deux cents bâtiments, parmi lesquels l’église du Beau-Marais.

fiche par Ph. CASSEZ, d'après L-M GOHEL.

GUILLEBERT    Jean-François

(Calais, 1770 – 1839, Calais)

Dès l’âge de vingt-deux ans, il est élu capitaine dans la garde nationale et représente Calais à la fête de la Fédération à Paris. En 1796, il n’hésite pas à risquer sa carrière pour sauver de l’échafaud deux émigrés jetés sur nos côtes par la tempête. Appelé au conseil municipal en 1800, il y siège sans interruption jusqu’en 1831, date à laquelle il est remplacé par son fils Victor. Il est également juge consulaire et membre fondateur de la Chambre de Commerce. En 1834, il s’associe avec son fils pour « la banque et généralement toutes les opérations de commerce et de commission qui peuvent se traiter sur la place de Calais ». Leur activité principale est donc bien la banque et le change, mais ils font aussi partie du petit cartel organisé par Dupont et Renard pour contrôler le commerce du bois. Père et fils sont républicains.

fiche par Ph. CASSEZ.

GUILLEBERT    Victor

(Calais, 1802 – 1848, Calais)

Fils de banquier et banquier lui-même (place d’Armes), commandant de la garde nationale, membre du conseil municipal sous la Monarchie de Juillet, du conseil d’arrondissement et de la Chambre de Commerce, dont il est élu président en 1845, nomination qu’il refuse. Membre fondateur du Cercle littéraire (1832), il est plusieurs fois président de la Société d’Agriculture, des sciences et des arts à laquelle il redonne un incontestable dynamisme vers 1835. Il met fin à ses jours en mars 1848, à la suite de la faillite de la banque.

fiche par Ph. CASSEZ.

GUILMET    Albert

(?? – ??)

Professeur au collège et à l’École des Arts décoratifs, conservateur du Musée, il a peint le Calaisis. Une minuscule rue du Beau-Marais porte son nom.

fiche d'après R. CHAUSSOIS.

GUISE    François de Lorraine, duc de

(Bar-le-Duc, 1519 – 1563 Bar-le-Duc)

C’est au siège de Boulogne (1544), où il est blessé, qu’il gagne son surnom de « balafré ». Vainqueur de Charles Quint devant Metz, il est nommé lieutenant-général du royaume au retour d’une expédition en Italie. C’est en cette qualité que Henri II le charge de reprendre Calais aux Anglais, ce qu’il réalise avec audace en plein hiver (1558). La mort du roi en fait le véritable maître du royaume. Catholique, il s’oppose à la politique d’ouverture de Catherine de Médicis, et son massacre de Wassy déclenche les guerres de religion. Il est assassiné peu après. Une rue de Calais et un buste à l’hôtel de ville rappellent son souvenir.

fiche par Ph. CASSEZ,
 collection G. PELTIER.

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