| PAINE Thomas (dans le Norfolk, 1737 – 1809, New York)
Fils d’un quaker et d’une anglicane, il rencontre Benjamin Franklin à Londres, et émigre aussitôt en Amérique (1774). Directeur du Pennsylvania Magazine, il défend la cause des colons dans de vigoureux pamphlets. Son premier livre (Le Sens commun – 1776), dans lequel il prend position en faveur d’une rupture avec la Grande-Bretagne, devient le plus grand best seller du XVIII° siècle en Amérique du Nord. Dans le suivant (Le Bien public – 1780), il critique les monarchies héréditaires. On peut ranger cet intellectuel parmi les pères de l’indépendance, et c’est lui qui propose le nom United States of America pour la nouvelle nation. En 1781, il se brouille avec Washington auquel il reproche de conserver des esclaves. Rentré en Angleterre, il s’enthousiasme pour la Révolution française et, en réponse aux attaques qu’elle déclenche, publie The Rights of Man (mars 1791). Devant les remous que cette parution suscite, il préfère se réfugier en France. Il sera l’un des dix-huit étrangers célèbres faits citoyens français par l’Assemblée Législative. Alors qu’il se trouve encore à Londres, il est élu député par l’assemblée électorale du département réunie à Calais, en septembre 1792. Un officier municipal, Achille Audibert, lui porte à Londres la nouvelle de son élection à la Convention. Son arrivée à Calais est mémorable. Chez les Amis de la Constitution, la salle habituelle (l’ancienne église des minimes) est insuffisante pour accueillir la foule de ses admirateurs, et la séance est déplacée à l’église Notre-Dame. Adversaire de la peine de mort, il propose l’exil en Amérique pour Louis XVI, en souvenir du soutien apporté autrefois à la cause de l’indépendance par le roi. Victime de ses amitiés girondines et de l’hostilité de Robespierre, il perd sa place de député puis est emprisonné en décembre 1793. Il reste incarcéré pendant dix mois au Luxembourg. Retourné aux États-Unis en 1802, après la paix d’Amiens, il y meurt à 72 ans, à Greenwich Village, en butte à l’animosité des nombreux Américains qui lui reprochent d’avoir pris parti contre Washington. Son cortège funèbre est suivi par… six personnes seulement, dont deux noirs, ce qu’il aurait regardé sans doute comme son ultime victoire.
fiche par Ph. CASSEZ, collection G. PELTIER. |
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