DICTIONNAIRE DES PERSONNALITÉS DU CALAISIS, lettre E

 

  

ÉDOUARD III   

(Windsor, 1312 – 1377, Richmond)

De tous les rois d’Angleterre venus à Calais, aucun n’a évidemment plus d’importance que celui-ci. Le fils d’Édouard II et d’Isabelle de France est le seul petit-fils de Philippe IV le Bel, ce qui lui permet de revendiquer la couronne de France face au roi élu, Philippe VI. Leur querelle d’héritage est à l’origine de la guerre de Cent Ans. La première grande chevauchée qu’il mène en 1346 débouche sur sa victoire de Crécy, qui lui permet d’assiéger ensuite Calais pendant onze mois. Après la clémence qu’il accorde aux fameux six bourgeois, sur les instances de son épouse la reine Philippa, il séjourne quelques semaines dans la ville conquise, le temps nécessaire pour en organiser l’occupation. Il y reviendra par la suite. En octobre 1359, il y rejoint son armée et lance la chevauchée qui aboutit au traité de Brétigny (mai 1360). Quelques mois plus tard (octobre), Édouard et ses fils séjournent de nouveau à Calais pendant plusieurs semaines à l’occasion de la libération du roi Jean le Bon, leur prisonnier depuis quatre ans. La prise de Calais par Édouard III inaugure une « période anglaise » qui durera plus de deux siècles, et qui s’avèrera particulièrement heureuse en définitive, les souverains successifs accordant beaucoup d’attention à leur tête de pont sur le continent. Père du Prince Noir, de Jean de Gand et de Thomas de Woodstock, et grand-père de Richard II.

fiche par Ph. CASSEZ, collection G. PELTIER.

ÉDOUARD IV   

(Rouen, 1442 – 1483, Westminster)

De la maison d’York, il devient roi d’Angleterre en 1461, grâce au soutien de Richard de Warwick, capitaine de Calais. Peu à peu brouillé avec son mentor, il doit quitter l’Angleterre pour y revenir en vainqueur l’année suivante, grâce à l’appui de Charles le Téméraire cette fois. Sa venue à Calais en 1475 s’inscrit donc dans le cadre d’un double conflit : celui de la guerre des Roses en Angleterre, et celui qui oppose le duc de Bourgogne au roi de France. Le 05 juillet, à trente trois ans, il débarque à Calais à la tête de douze mille hommes et onze mille archers : c’est la plus puissante armée anglaise jamais amenée en France. Souhaite-t-il rouvrir la guerre de Cent Ans ? En tout cas, il vient d’envoyer son défi à Louis XI. C’est la conséquence d’un engagement pris envers le Téméraire l’année précédente. Ce dernier le rejoint à Calais, sans ses soldats retenus en Allemagne, et il laisse donc l’Anglais seul face à l’ennemi. Il s’agit officiellement de prendre en commun les décisions destinées à abattre définitivement Louis XI. L’alliance anglo-bourguignonne semble aller de soi pour le Téméraire qui est lui-même de sang Lancastre-Plantagenêt (par sa mère) et qui a épousé la sœur du roi (Marguerite d’York). Louis XI est leur adversaire commun. Le grand duc promet ni plus ni moins que de l’éliminer pour faire couronner son beau-frère à Reims. En échange, il y gagnerait ces provinces qui lui permettraient de réaliser enfin son rêve d’unification des terres bourguignonnes. Les deux princes quittent Calais ensemble quelques jours plus tard. Six semaines n’ont pas passé que le roi d’Angleterre fait tout le contraire de ce à quoi il vient de s’engager ! En réalité, Louis XI avait compris qu’Édouard IV prenait l’offensive sans enthousiasme. Les deux rois pourraient donc parvenir à un accord, qui leur laisserait les mains libres chacun chez soi. Ils finalisent rapidement le traité de Picquigny, et Édouard IV est de retour à Calais dès le 04 septembre, à la grande fureur du duc de Bourgogne. Fort de l’alliance et de l’argent français, Édouard IV connaîtra une fin de règne paisible. Il décèdera quelques mois avant Louis XI.

fiche par Ph. CASSEZ, collection G. PELTIER

ÉDOUARD DE WOODSTOCK,    dit le Prince Noir

(1330 – 1376)

En raison de son long gouvernement en Aquitaine, le prince de Galles n’a effectué que deux séjours à Calais, mais ils ont marqué l’Histoire de la ville, le premier lors du siège de 1346/1347, et le second lors de la libération du roi Jean le Bon en octobre 1360. S’il est resté pour la postérité le prestigieux vainqueur de Poitiers et un symbole de la guerre de Cent Ans, on ne peut oublier sa brutalité, ses exactions et son alcoolisme. Le fils d’Édouard III* aurait pu devenir un grand roi s’il n’était décédé avant son père. Le surnom de « Prince Noir » ne lui sera conféré que longtemps après sa mort. Père de Richard II.

fiche par Ph. CASSEZ

EMMERY    Henry-Charles

(Calais, 1789 – 1842, Paris)

Inspecteur des Ponts & Chaussées, ce Calaisien fait toute sa carrière dans la région parisienne : amélioration de la navigation sur la Marne, construction du canal de Saint-Maur, du pont d’Ivry-sur-Seine et de la gare de Charenton, distribution des eaux et nouveau système d’égouts de la capitale. Il a également publié un ouvrage pour améliorer le sort des ouvriers sur les chantiers publics. Resté attaché à sa ville natale, il ne manque pas d’y faire parvenir un exemplaire de ses mémoires, conservés dans la bibliothèque municipale. Il décède à 53 ans seulement. Un service funèbre organisé en son honneur à Notre-Dame de Calais y rassemble la grande foule. La rue Emmery donne sur la place Crévecoeur.

fiche par Ph. CASSEZ.

EUSTACHE    de Saint-Pierre

(c 1287 – 1351, Calais)

Le plus célèbre des six Bourgeois de Calais. Il possède une maison près du port. Après la prise de Calais, Édouard III s’appuiera sur lui pour organiser sa conquête et lui conservera ses biens. Une rue près de l’église Notre-Dame rappelle son souvenir

fiche par Ph. CASSEZ, collection P. HÉDOUX.

ÉVRARD    Edmond

(Saint-Pierre, 1873 – 1897<)

Publiciste et peintre. Il publie Nos environs dans le Phare de Calais, et collabore au Petit Parisien, à la Dépêche de Lille, à l’Écho de Paris, à l’Écho de l’Armée et au Journal des Artistes. Peintre amateur, il obtient plusieurs récompenses dans les expositions.

d'après 'Dictionnaire du Pas-de-Calais'.

ÉVRARD    Mgr

(Muncq-Nieurlet, 18 ? ? – 1974, Saint-Omer)

Issu d’une famille d’agriculteurs comptant plusieurs ecclésiastiques, il est élève à Saint-Bertin (Saint-Omer). Il reçoit les ordres mineurs en 1908 et la prêtrise quatre ans plus tard. Aumônier militaire pendant la guerre, il est fait prisonnier en 1916. Il enseigne ensuite pendant dix ans au Grand Séminaire d’Arras, avant de devenir curé à Bruay-en-Artois. En 1933, il est nommé archiprêtre de Calais (ce qui place une cinquantaine de paroisses sous son autorité) et doyen de l’église Notre-Dame. Dès 1937, il est nommé évêque ; il se fait sacrer dans Notre-Dame et son départ pour Meaux est l’occasion d’une réelle fête populaire dans Calais, où il s’était fait apprécier. Il démissionne en 1942, demeurant évêque in partibus, et revient dans le Pas-de-Calais en ministre itinérant. Il réside dans une maison de retraite de Saint-Omer pendant les vingt dernières années. Enterrés provisoirement au cimetière-sud de Calais, le 06 septembre 2013, ses restes furent déposés selon ses vœux, dans « son église », Notre-Dame de Calais. Il laisse un souvenir étonnamment fort dans une ville où, à tout prendre, il n’a officié que pendant quatre années.

d'après C. MORMENTHUN, collection G. PELTIER.

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